Controverses du XIXème siècle
sur la «Propriété Intellectuelle»

 

Lord GRANVILLE, alias George LEVESON-GOWER

Né le 11 mai 1815, il fait des études à Eton et Oxford. En 1835-1836, il est attaché à l'ambassade d'Angleterre à Paris, son père étant alors ambassadeur. Etant élu au Parlement pour Morpeth, il retourne bientôt à Londres, est réélu en 1837, et, après avoir abandonné temporairement son siège pour un poste de sous-secrétaire d'Etat au Foreign Affairs (1840-1841), redevient parlementaire pour Lichfield (1841-1846). Il appartient au parti Liberal et se fait en plus particulièrement l'avocat du «free trade».

En janvier 1846, son père meurt. Il hérite alors du titre, earl[1], et accède à la pairie, devenant un des leaders du parti Libéral à la Chambre des Lords. Il est chargé de plusieurs offices : Master of the Buckhounds (1846-1848), Commissioner of Railways (1846-1851), Paymaster General (1848-1851) et est aussi vice-président du Board of Trade (1848-1851).

Il est par ailleurs nommé vice-président de la commission chargée d'organiser la première grande exposition universelle, à Londres, en 1851, et il en préside le comité exécutif. Il en sera d'ailleurs un des membres les plus actifs[2]. Onze ans plus tard, il présidera d'ailleurs de la même façon le comité d'organisation de l'exposition de Londres de 1862[3].

A la fin de l'année 1851, Lord Palmerson ayant démissionné, il entre au gouvernement et lui succède au Foreign Office pour une courte période, le ministère Russell ayant été renversé peu après. Il est aussi président du Board of Trade, Lord President of the Council de 1852 à 1854[4], et chancellier du Duché de Lancaster sous Lord Aberdeen. Celui-ci ayant du démissionner, suite aux premiers revers des troupes anglaises en Crimée, avec l'épisode bien connu de la charge de la brigade légère, il est remplacé par Lord Palmerson, qui confirme Earl Granville comme President of the Council.

A la fin de la guerre avec la Russie, il est envoyé en mission extraordinaire à Saint Pétersbourg, pour attendre le couronnement du nouveau czar, le futur Alexandre II (le 3 mars 1855).

En Juin 1859 la reine, embarrassée par les ambitions rivales de Palmerston et Russell, lui demande à de former un ministère, mais Lord Granville échoue, et Palmerston redevient premier ministre. Granville est de nouveau President of the Council.

Par la suite, son nom sera essentiellement associé avec sa carrière de secrétaire d'Etat aux Foreign Affairs (1870-1874 et 1880-1885). Son action, basée sur la patience, la recherche de la paix et le refus des alliances, maintient l'Angleterre à l'écart des guerres européennes. Il travaille de plus à améliorer les relations de son pays avec les Etats-Unis, recourant – une innovation pour l'époque – à des arbitrages internationaux pour trancher différents litiges (affaire des pêcheries et contentieux des croiseurs, comme l'Alabama, construits par les anglais pour les confédérés pendant la guerre de Sécession).

Il se retire de la vie politique en juillet 1886, et meurt à Londres le 31 mars 1891.

 

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[1]  C'est le deuxième Earl Granville, un titre accordé à son père en 1833. Ce titre, earl, est le troisième dans la hiérarchie des pairs du Royaume-Uni, pour être précis, en ordre descendant, on a : duke, marquess, earl, viscount, et baron.

[2] Ce projet d'exposition universelle était conçue pour témoigner des progrès et des bienfaits de l'industrie, avec comme titre officiel Great Exhibition of the Works of Industry of all Nations; et c'est ce projet qui conduisit à un réexamen du système des patents de l'Angleterre, et au vote d'une réforme de la loi en 1852. On allait en effet exposer les machines, les techniques, et les produits de l'industrie anglaise aux yeux de tous, ce qui posait directement le problème du principe de «la protection ou du libre échange» en matière de connaissances et de techniques. L'enquête de la Chambre des Lords de 1851, présidée par Lord Granville, avec les témoignages des partisans de l'abolition des patents (voir les archives), se situe à cette période et dans ce cadre.

[3] C'est d'ailleurs à l'occasion de cette exposition que Michel Chevalier et Arthur Legrand vont formuler tout deux, dans le Rapport des membres de la section française du jury international sur l'ensemble de l'exposition, leur proposition d'abolition du système des brevets d'invention. (Voir Chevalier (1862) et Legrand (1862).

[4] Le Lord President of the Council est le quatrième plus haut fonctionnaire du Royaume-Uni. Il avait en particulier la responsabilité de présider les réunions du conseil privé (Privy Council) de la reine, à l'époque il s'agissait de la reine Victoria.

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Sources : CharlesKnight, Biography, Bradbury, Agnew & Co, London, 1856-1872; Waller, The Imperial Dictionary of Universal Biography : a Series of Original Memoirs of Distinguished Men, of all Ages and all Nations, P. E. Dove, London, 1857-1863; etc.