Controverses du XIXème siècle
sur la «Propriété Intellectuelle»

 

Jean Louis Antoine ALLOURY

Journaliste.

Né à Anizy (Nièvre) le 24 déc 1805, dans une famille de propriétaires fonciers, il fait des études au Collège Sainte Barbe de Paris, puis suit les cours de la Faculté de droit.

Il travaille ensuite pour divers avocats, en particulier pour l’illustre jurisconsulte André Dupin (dit Dupin aîné). En 1834, il entre au Journal des Débats, où il rédige des articles de critique littéraire, puis passe à la rédaction politique en 1836, qu'il ne quittera qu'en 1882.

En 1846, il tente une carrière politique, en se présentant comme candidat à la Chambre des Députés, contre M. Benoist (d'Azy). Combattu à la fois par les légitimistes et les républicains avancés, il est battu. Il reste donc journaliste.

D'opinion libérale, il n'avait guère de sympathies pour le régime né du coup d'Etat du 2 décembre 1851. Il continua donc à défendre dans son journal ses idées libérales, se cantonnant plus particulièrement dans les questions juridiques, les questions de religion, ou les questions de politique générale.

En matière de brevet d'invention et de droit d'auteur, Alloury est un partisan convaincu de la propriété intellectuelle, un défensseur inconditionnel des thèses de Jobard, qu'il s'agisse de la propriété des inventeurs sur leurs inventions ou de la propriété littéraire et artistique dans sa forme la plus absolue. Après le congrès de Bruxelles de 1858, qui voit la défaîte de la thèse propriétariste, posant les droits de "propriété littéraire" comme des droits de propriété comme les autres, il participe à la fondation de l'Association pour la défense de la propriété littéraire et artistique (dont le siège est à la librairie de MM. Louis Hachette et Cie), dans le but explicite de "protester contre les principes acceptés par le Congrès" et de "défendre le principe de la perpétuité comme le seul juste et convenable"[1]. On trouvait alors dans le comité directeur de cette Association : Alloury, Etienne Blanc (avocat), Auguste Bohm (artiste peintre), Colombier (éditeur de musique), Guiffrey (avocat), Louis Hachette, Edouard Laboulaye, Saintine (homme de lettres), Jules Simon et Vitu (journaliste).

Il intervint aussi lors de l'affaire Mortara[2].

Il est mort en 1884.

 

----------------------------------------

[1] Cf. l'introduction de Laboulaye et Guiffrey au recueil de documents édité par cette Association, La propriété littéraire au XVIIIème siècle, Hachette, 1859, p. II.

[2] C’est l’histoire d’un enfant juif de Bologne (Etats pontificaux), qui, baptisé en cachette par une servante chrétienne, est enlevé à ses parents sur décision de la Congrégation du Saint Office, pour être élevé comme un bon chrétien. Il fut finalement envoyé dans un séminaire et devint prêtre. Louis Alloury (Journal des Débats - 12 octobre 1858) et Louis Jourdan (Le Siècle - 20 octobre 1858), réagissant à un article paru dans l’Univers qui justifiait la position du pape, condamnèrent tous deux ce “rapt légal” en dénoncant le “renversement de la justice et de la morale universelle” opéré par l’Eglise. Il s’ensuivit une polémique dans la presse française, les défenseurs du Vatican et du pouvoir temporel des papes (Louis Veuillot en particulier) ne voyant dans toute cette affaire qu'un “complot juif” mené par la “presse juive”, des thèmes qui ressurgiront lors de l’affaire Dreyfus.

----------------------------------------

Sources : Dictionnaire de biographie française, Librairie Letouzy et Ané, Paris, 1936.